10 Décembre 2009
Monde - Copenhague : une monstrueuse incertitude (L'Echo. Le quotidien de l'économie et de la finance, 11 décembre 2009) - Texte intégral
Je prends le risque, en écrivant ce billet d’opinion, d’être marginalisé sans pitié et de rejoindre ces nombreux chercheurs dont la carrière a été brisée, parce qu’ils ont osé remettre en question la sacro-sainte vérité du moment : « le réchauffement climatique nous mènera à la catastrophe ».
Mais l’historien se souvient de cette fin du VIème siècle, qui connut une période de refroidissement telle que, sous l’effet des pluies intensives, de bonnes terres cultivées se muèrent en marécages stériles: le climat venait ajouter son lot de difficultés à l’effondrement des structures socio-économiques et politiques de l’Empire romain mourant.
Plus tard, vers l’an mil, le climat changea à nouveau : la température aurait même été un peu plus élevée encore que celle que nous connaissons aujourd’hui (sans gaz à effet de serre, toutefois…). Les chroniques rapportent que, en ce temps-là, dans le Royaume de France, on pouvait compter, certaines années, sur deux récoltes consécutives. Et les Vikings colonisaient le Groenland, la « Terre verte », qui sera plus tard recouverte par les glaces.
Le climat, en effet, repartit ensuite à la baisse : durant tout le XVIIème siècle, et en particulier sous le règne de Louis le quatorzième, l’Europe occidentale connut régulièrement des hivers à quinze ou vingt degrés sous zéro; on patinait joyeusement sur la Tamise; les embouchures du Rhin et de l’Escaut étaient bloquées par les glaces; et, à Versailles, le vin gelait dans les verres…
Comme le montre cette petite mise en perspective historique, les variations climatiques sont bien connues des historiens et les quelques degrés supplémentaires que l’on nous prédit n’ont rien pour les étonner.
Bref, il faut croire que le climat change, naturellement, et que l’homme est devenu bien présomptueux pour penser qu’il est à l’origine de son évolution et qu’il pourra le stabiliser, voire le figer définitivement, en réduisant un peu son activité économique.
Mais peut-être la vérité est-elle ailleurs : le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), cette assemblée de scientifiques toute puissante qui dicte sa loi, sa foi, sa religion, ce qu’il faut croire en matière de climat, écartant et excluant du chapitre ceux qui ne pensent pas comme il faut, détient-il réellement la clef du mystère?
Beaucoup en doutent et dénoncent le caractère aléatoire de ces projections alarmistes, qui, en fin de compte, reposent essentiellement sur des présomptions et des données très faibles.
En revanche, ce qui est sûr, c’est que, pendant que chacun distrait son attention vers un hypothétique changement climatique aux conséquences qui seraient désastreuses et se repaît de films-catastrophes, la précarité sociale et la misère du quart-monde dans les bas-fonds de nos banlieues restent dans l’ombre.
Pas un chef d’Etat ne s’est déplacé pour assister, le mois dernier, au sommet mondial sur la sécurité alimentaire, contre la faim dans le monde, alors que cinq millions d’enfants meurent chaque année de malnutrition. Ils seront tous là, à Copenhague.
La paupérisation galopante de nos sociétés postindustrielles, qui renoncent de plus en plus à la social-démocratie et cèdent aux chimères du libéralisme économique, les problèmes bien concrets de notre humanité, eux, sont oubliés, recouverts par l’ombre immense et monstrueuse d’une grande incertitude.
Lien(s) utile(s) : L'Echo.
Coupure de presse :
Lire aussi : Sophie VERNEY-CAILLAT, Le "Climategate" de la recherche sur le réchauffement, Rue89, 23 novembre 2009.