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Monde arabe

Pierre PICCININ da PRATA (Historien - Politologue)

BELGIQUE / MAROC - Ali Aarrass : un citoyen "belge"

Belgique / Maroc - Ali Aarrass : un citoyen "belge" (www.freeali.eu) * 

 

(Nederlandes versie : België / Marokko - Ali Aarrass : een “Belgische” statsburger)

    Passeport Ali

 

Un citoyen belge torturé au Maroc. Le gouvernement belge laisse faire...

 

 

Photos-illustration-2 2031Ce 2 juin, un Belge de 47 ans, ancien libraire de la chaussée de Gand à Bruxelles, est traîné devant une juridiction spéciale du tribunal de Salé-Rabat (Maroc).

 

Traîné. Car il a été torturé, pendant douze jours : violé au moyen d’un bâton et de bouteilles ; frappé sur tout le corps (ses jambes avaient changé de couleur ; il a perdu l’usage d’une oreille) ; il a reçu des injections de produits chimiques ; il a eu la plante des pieds frappée, jusqu’à faire éclater la peau ; des décharges électriques sur les parties génitales.

 

Cet homme, c’est Ali Aarrass.

 

Ali a passé son enfance en Belgique. Il y a étudié, y a fait son service militaire et y a travaillé la plus grande partie de sa vie. En 2005, Ali est parti pour la ville espagnole de Melilla, au nord du Maroc, avec son épouse et sa petite fille, pour y vivre avec son vieux père.

 

En 2008, la police espagnole l’arrête, à la demande des autorités marocaines : il est soupçonné d’avoir participé à l’organisation des attentats de Casablanca, en 2003.

 

Mais l’instruction du juge Baltasar Garzón démontre que le dossier est vide : quelqu’un, incarcéré au Maroc, a donné son nom, sous la torture ; cette personne s’est depuis lors rétractée ; on lui aurait suggéré le nom d’Ali Aarrass, qu’elle n’a en réalité jamais rencontré.

 

Et pourtant, Ali est extradé au Maroc, le 14 décembre 2010.

 

   Farida+et+son+p%C3%A8re

La soeur et le père d'Ali AARRASS

 

 

Le Comité des Droits de l’Homme de l’ONU s’y était opposé : au Maroc, le gouvernement s’est lancé dans une chasse à l’homme effarante et, sur de simples soupçons, plus de 1500 personnes ont déjà été arrêtées. La plupart ont été torturées.

 

À cette situation effroyable, se sont ajoutés l’ignominie et le dégoût : les autorités belges n’ont pas même levé le petit doigt pour secourir notre compatriote. Le ministère des Affaires étrangères s’est refusé à « s’ingérer dans les affaires marocaines »…

 

Ali et moi sommes concitoyens. Nous appartenons tous les deux à la même communauté.

 

Lorsque j’étais en poste au Congo, durant la guerre civile, j’ai été arrêté. Les services secrets s’apprêtaient à m’interroger à coups de chicotte, lorsqu’est arrivé le Consul de Belgique, qui m’a sorti de mon cachot. Était-ce parce que je m’appelle Pierre ? Les choses auraient-elles tourné autrement si mon prénom avait été Ali ?

 

Ainsi, il semble que notre gouvernement, qui est sensé nous protéger et nous défendre, Ali et moi (et nous tous), estime qu’Ali peut bien être torturé.

 

Quand le gouvernement, à qui nous avons confié le pouvoir, se discrédite de la sorte, il est du devoir des citoyens de lui reprendre ce pouvoir et de l’exercer eux-mêmes. Par leurs cris. Le cri de l’opinion publique! Nous allons donc crier ; nous allons brailler aux oreilles de ces ministres indignes ; et nous allons les obliger à intervenir.

 

Qui aurait si peu d’amour propre pour rester silencieux ? Qui ne prendrait pas quelques minutes de son temps, pour écrire une lettre, un e-mail, à son député, à son bourgmestre, à un ministre, au Roi ? Pour que ces gens-là, qui ont abandonné notre concitoyen, enfin, agissent, et rougissent de honte ? Pour protéger Ali.

 

Quand cela sera fait (car c’est le plus urgent), alors, nous demanderons des comptes à nos irresponsables politiques.

 

Écrire au Ministère des Affaires étrangères de Belgique :

 

Adresse du Ministre des Affaires étrangères (Belgique) : 

Monsieur le Ministre Steven VANACKERE

Rue des Petits Carmes, 15,

B-1000 BRUXELLES

 

Courriel : steven.vanackere@diplobel.fed.be

 

Site : Ministère des Affaires étrangères de Belgique

 

 

 

 

Photos-illustration-2 2029Á Rabat, nous avons rencontré Khadija RHIADI, Présidente de l'Association marocaine des droits humains.

  

« L'affaire Aarrass, c'est une machination terrible. L'affaire du groupe Abdelkader Beliraj...

 

Tout vient d'abord d'une vengeance contre un parti politique de gauche : le gouvernement avait interdit un meeting d'un mouvement islamiste et le parti socialise leur donné une salle pour qu'ils puissent quand même organiser leur congrès et s'exprimer. Parce que les islamistes marocains ne sont pas des extrémistes et ils ne considèrent plus la gauche comme leur ennemie. Alors, les autorités ont imaginé ce groupe terroriste islamiste et ont arrêté les gens, y compris un membre du parti socialise, pour envoyer un message : vous avez permis ce que nous avions interdit.

 

En plus, le rapprochement de la gauche et des islamistes, qui se battaient auparavant, cela fait peur aux autorités. Et c'est surtout pour cela que cette affaire a été manigancée.

 

Donc, l'affaire du groupe Beliraj, tout le monde sait que c'est un coup monté, pour réprimer cette nouvelle mouvance islamiste moderne, que le gouvernement ne peut plus stigmatiser comme avant. Pour faire croire à une grande menace terroriste, on a arrêté des gens au hasard. Le reste, ce sont des gens qu'on a arrêté sans raison et on les a torturés pour qu'ils signent des papiers où ils disent qu'ils appartiennent à la cellule, pour qu'ils désignent telle personne, tel chef, alors qu'il n'y a aucun contact entre ces gens. C'est tout juste s'ils se sont rencontré un jour pour le travail ou dans un café, dans un magasin. Ils ont cherché des gens qui avaient eu des relations vraiment banales. Et on a monté cette histoire pour dire : voilà, nous avons un groupe de terroristes et les islamistes sont une menace.

 

Pour faire cela, ils ont d'abord arrêté Beliraj, qui avait été en Belgique... Alors, peut-être qu'il faisait du commerce d'armes, peut-être qu'il travaillait avec les services secrets belges... En ce qui le concerne, on ne sait pas très bien... C'est autour de lui qu'on a monté toute cette histoire de groupe terroriste, pour arrêter ce projet islamiste qui est différent des projets radicaux qu'on connaissait avant. C'est ça la réalité de cette affaire. Et Ali Aarrass n'est qu'une victime de cette machination; il n'a rien à voir avec un quelconque groupe terroriste, qui n'existe pas en réalité.

 

Alors, maintenant, je ne comprends pas pourquoi le gouvernement belge ne fait rien. Pourquoi il laisse comme ça un de ses citoyens, se faire torturer. Je ne comprends pas. La Belgique, c'est pourtant une démocratie. Alors, non, je ne comprends pas.

 

Vous savez, vous, pourquoi il laisse faire ça, votre gouvernement? Parce qu'Ali Aarrass est d'origine marocaine? Pas tout à fait belge, quoi... C'est pour cela? C'est du racisme? C'est comme ça en Belgique? » (propos recueillis le 1er juin 2011)

 

 

 

* BELGIË / MAROKKO - Ali Aarrass : een “Belgische” statsburger 

 

 

 

Mission citoyenne en soutien à Ali AARRASS (2 juin 2011) :

 

  (© Greta ALEGRE - Arte Factory)

 

 

 

Document : 

 

   (RTL-TVI, 23 février 2011).

 

 

 

Site www.freeali.eu - Facebook : Libérez Ali Aarrass.

 

 

 Couverture-Hessel 1 1 copie     Stéphane HESSEL, Indignez-vous!

 

 

L'affaire Luk Vervaet   "L'Affaire Luk Vervaet"

 

 

 

© Cet article peut être librement reproduit, sous condition d'en mentionner la source (http://pierre.piccinin-publications.over-blog.com).

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