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Monde arabe

Pierre PICCININ da PRATA (Historien - Politologue)

BELGIQUE - Islamophobie - La contradiction s'invite à l'ULB...

Belgique - Islamophobie - La contradiction s'invite à l'ULB...

 

Fourest ULB

 

Le mardi 7 février, à l’Université Libre de Bruxelles, devait se tenir un « débat » sur le thème de l’extrême droite. L’Université invitait Caroline Fourest, laïcarde de profession, intellectuelle-people française qui a construit sa carrière médiatique sur le terreau de la stigmatisation des religions chrétienne et musulmane. A l'initiative de Souhail Chichah, assistant à l'ULB, la séance fut interrompue par une cinquantaine de contestataires, tous bien décidés à dénoncer la géométrie variable du « débat » à l’ULB et les propos à la limite de l’islamophobie que l’invitée du jour avait tenus à maintes reprises déjà. Il s'agissait d’étudiants, de membres du personnel scientifique et de citoyens, de militants d’associations estudiantines de gauche et d’organisations libertaires, et nullement « d'islamistes intégristes » ou « d'extrémistes de droite » ou encore « d'antisémites », contrairement à ce que, respectivement, les médias, ladite Caroline Fourest et certains représentants du corps académique ulbiste ont affirmé par la suite, inepties reprises en choeur par l'Union des Anciens Étudiants de l'ULB, le Cercle (dit) du Libre Examen et quelques autres cercles universitaires, dont les tout jeunes administrateurs carriéristes ont d'emblée saisi la parfaite occasion de donner des gages. Face aux indignations convenues et aux effets de manche cicéronesques, pour le moins outranciers et mensongers, de la bien-pensance conformiste et politiquement correcte des médias, des jeunes loups aux dents qui rayent le parquet et des vieilles barbes opinantes, une autre vision des faits, très à contre-courant et probablement sujette à faire grincer quelques dents…

 

[Auparavant, pour rappel*, les événements du 20 septembre 2010 : centré sur la personne de l’humoriste français Dieudonné et sur la question du conflit israélo-palestinien, un débat avait finalement pu avoir lieu à l’ULB, après bien des péripéties et avoir, dans un premier temps, été interdit par les autorités académiques, d’abord pour « raisons techniques », ensuite parce que la contradiction n’était pas assez représentée parmi les intervenants invités. Le débat fut interrompu et la salle évacuée, du fait du chahut organisé par des associations juives dont les militants avaient investi l’auditorium. Plusieurs d’entre eux étaient armés et ont physiquement menacé les orateurs. Les médias, qui dénoncent aujourd’hui, dans le cadre du « débat » de Caroline Fourest, l’action de prétendus « islamistes intégristes », s’étaient très peu émus de l’événement, à l’époque, et montrés fort discrets... Sans commentaire.]

 Burqa

Pierre PICCININ, à propos de la "Burqa Pride à l'ULB"

(entretien de Sergio BIANCHINI)

 

Ce mardi, un « débat » consensuel se tenait à l’Université libre de Bruxelles (ULB). Il opposait Caroline Fourest, grande pourfendeuse de soutane et de burqa, auteur d’un film sur Marine Le Pen, la présidente du Front national français, à… À personne.

On chercha en effet la sacro-sainte « contradiction ». En vain.

Ce pouvait donc être haro sur le baudet…

Le « modérateur » ? L’éternel Guy Haarscher : « nous sommes à l’ULB et il n’est pas possible de laisser la parole à l’extrême-droite ; ici, nous débattons entre démocrates ».

Pour peu aimables que soient leurs idées (il ne s’agit là que de mon humble point de vue), à en croire le philosophe si politiquement correct et tant prisé des milieux peu-pensants, le FN et ses 17% d’électeurs ne participeraient pas au débat démocratique de la République française et n’auraient pas voix au chapitre, donc (ce n’est apparemment pas l’avis de Radio-France, qui recevait, le dimanche précédent, Louis Aliot, le vice-président du FN et conseiller régional du Languedoc-Roussillon).

Tous des fachos ! Présomption d’innocence, quand tu nous tiens…

On se souviendra cependant de plusieurs débats, sur la question israélo-palestinienne, entre autres, reportés sine die (on ne dit pas « censurés », à l’ULB ; tout est dans la manière de formuler la chose), parce que le plateau était « déséquilibré », car les organisateurs n’avaient pas pu produire de représentant du point de vue opposé, tous les invités s’étant désistés…

Au programme, aussi, ce mardi, du bouffage de curé à tour de bras (d’imam également), cautionné par les petits rires convenus d’un public en grande partie acquis.

Qu’on est bien entre soi, quand on partage les mêmes stéréotypes…

La vieille rombière ulbiste, cette grabataire de la pensée unique (euh... libre; pardon pour le lapsus), devenue complètement schizophrène, allait une fois de plus se gargariser des grands principes du Libre Examen, tout en se gardant bien de les mettre en pratique.

La soirée avait bien commencé, en douceur, tranquille, par le charabia inaudible de l’Amphitryon de l’heure, une certaine Emmanuelle Danblon, la honte de son pauvre père, Paul.

S’en suivit le petit film, attentat de l’invitée du jour, qui n'allait rien nous apprendre que de déjà su et maintes fois rabâché (et toujours sans contradicteur) : sur une musique stressante et inquiétante (nullement subjective et pas du tout conditionnante - lol), Marine Le Pen avançait au milieu d’une foule de ses partisans…

C’est alors que se produisit l’inespéré : la contradiction, écartée de la scène, s’est invitée à l’ULB.

Un groupe d’étudiants et de citoyens s’est imposé dans cette parodie de débat, au cri de « burqa bla bla ». Ils firent tant et si bien que le pseudo-débat s’acheva illico et que « l’intellectuelle faussaire » dut se retirer, escortée des honorables représentants du corps académique.

Un régal, pour ceux qu’insupportent ces grand-messes laïco-maçonniques ulbistes, si réconfortantes et rassurantes pour les « frères » !

Qui donc disait qu’il n’y avait plus de jeunesse ?

Présent, le Secrétaire perpétuel de l’Académie royale, le noble Sieur Hervé Hasquin, tel Mohamed face à la montagne, dit alors la seule intelligente chose de la mémorable soirée. Se dressant de la haute taille et de l’impressionnante carrure qu’on lui connaît, ne lâcha-t-il pas un autoritaire : « c’est pénible, intellectuellement ! ».

On aurait pu en rester là, en somme, lorsque le Haarscher, grand riposteur du tac au tac, assena aux « trublions » : « j’ai toujours su que vous aviez une burqa dans la tête ; c’est de la censure ! ».

Suivi du Recteur Didier Viviers, venu en renfort et qui, monté au créneau, lança un bien senti « attention : nous savons qui sont les responsables ! ». Et d’ajouter : « vous empêchez le débat ! ».

Auquel répondit une voix anonyme dans le public : « mais où est le débat contradictoire, monsieur ? ».

Ce à quoi le vénérable barbu rétorqua, édifiant : « nous ne sommes pas obligés d’organiser un débat contradictoire en toute occasion ! ».

Tout était dit.

___________________

 

*Pour rappel :

- Censure, pressions ou usure? Qu'est-il en train d'arriver à l'Université Libre de Bruxelles?

- La liberté d'expression menacée de mort

 

La vidéo réalisée le 7 février :

- Sabotage du débat de Caroline Fourest à l'ULB

  

Lire aussi l'excellente analyse d'Abdellah BOUDAMI :

- Quelques considérations élémentaires à propos du chahutage de Caroline Fourest à l'ULB

 

Et Bahar KIMYONGÜR, Clash Chichah/Fourest. L'ULB : Alma Mater ou Matamore?

  

Et quelques exemples de ces réactions précipitées et absurdes, parmi les plus insupportables, quasiment unanimes, qui donnent des gages, en criant "exclusion" et "refus du dialogue", et attribuent l'événement à un "groupuscule islamiste intégriste" (grotesque !) : 

- Eddy CAEKELBERGHS et ses invités, Face à l'info, RTBF1-Radio, 10 février 2012 (écouter à .1348)

Communiqué de l'Union des Anciens Étudiants de l'ULB : "Ce 7 février, l'ULB a été dénaturée et menacée par des assasins de la démocratie !"

Marc UYTTENDAELE, Excusez-nous, Madame Fourest, La Libre Belgique, 9 février 2012

 

Pour une mise en contexte :

- Serge HALIMI, Burqa-bla-bla, Le Monde diplomatique, avril 2010

- Pascal BONIFACE dénonce les intellectuels faussaires (à propos de Caroline Fourest)

  

© Cet article peut être librement reproduit, sous condition d'en mentionner la source (www.pierrepiccinin.eu).

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H
<br /> J'ai pris tout mon temps pour vous écouter interviewé par un jeune ulbiste un peu agaçant (quoique !)<br /> Je souscris à tout ce que vous avez dit lors de cet entretien à table, dans un resto. Je vous remercie particulièrement pour votre ultime propos, tout à la fin.<br /> <br /> Mon propre fils faisait partie du chahut (je ne l'ai su qu'en visionnant les diverses vidéos de cette soirée à l'ULB).<br /> <br /> Je suis une "jeune" retraitée de l'enseignement de la philo dans le secondaire et ai publié quelques essais philosophiques en France.<br /> <br /> J'ai en fait été terriblement choquée en entendant et en lisant la revue de presse au lendemain de cette burqa pride.<br /> Oui, choquée, chamboulée. Je me demandais dans quel pays je vivais..."Un mardi noir" ici, "des barbus islamistes" là...etc. etc.<br /> <br /> Comme vous, et exactement comme vous le rectifiez auprès de votre jeune et fougueux questionneur, je pense que l'action menée à l'initiative de Souhail Schichah ne pouvait que déranger. Ou plus<br /> exactement, je pense en effet que ce dernier "souffre" plus que nous des injustices, qu'il est plus sensible (et donc vulnérable) aux injustices commises vis-à-vis des "indigènes" comme il nomme<br /> les belges issus de l'immigration "arabo-turquo-musulmane".<br /> <br /> J'ai un peu suivi les propos des éditocrates à la mode depuis le 11 septembre, tels des Finkielkraut, Bruckner, Caroline Fourest, etc. Une droite nouvelle et d'autant plus discrètement musclée<br /> qu'elle se revendique de gauche noble, de la gauche qui "pense".<br /> <br /> Je vous écris aussi parce que j'ai l'intuition qu'on ne peut pas abandonner de jeunes intellectuels fougueux issus de l'immigration tel qu'un Souhail Chichah. Sans quoi, sans nos efforts<br /> effectifs pour comprendre d'où ils parlent et nous questionnent sévèrement, ceux-là se radicaliseront du côté d'une violence d'abord suicidaire avant de se montrer meurtrière.<br /> <br /> Merci encore pour vos courageuses prises de position.<br />
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