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Monde arabe

Pierre PICCININ da PRATA (Historien - Politologue)

BELGIQUE - Ecolo : « les convergences de gauche, c’est le passé! »

Belgique - Ecolo : « les convergences de gauche, c’est le passé! »

(Le Vif/L'Express, 28 mai 2010)



             

 

 

 

La mode du printemps 2010 ne sera plus, chez Ecolo, la même que celle des mois de juin 2007 et 2009.

 

 « Ecolo a changé. » C’est ainsi qu’Olivier Deleuze, de retour en politique belge et propulsé tête de liste pour le Sénat, définit la nouvelle ligne du parti écologiste : « Ecolo est un parti libre ; les convergences de gauche, c’est le passé! ».

 

C’est aussi le « come-back » pour Jacky Morael, tête de liste pour la Chambre : entre Elio Di Rupo et Didier Reynders, sa préférence va… à « Reynders, évidemment ! ».

 

Et l’actuel président d’Ecolo, Jean-Michel Javaux, de renchérir : « Ecolo est un parti indépendant, et il n’existe aucun accord préélectoral ». Une coalition avec les libéraux (MR) ne serait donc pas exclue, pour la formation du gouvernement fédéral…

 

Alors, Ecolo, à droite toute ? Changement de cap et repositionnement ?

 

Quoi qu’il en soit, le changement de discours est quant à lui bien perceptible. Et il tranche sévèrement avec celui des deux précédentes campagnes électorales, de 2007 et 2009, à l’occasion desquelles Ecolo s’était sans ambiguïté défini comme parti de gauche : ayant rythmé son programme d’accents sociaux forts, Ecolo s’était présenté comme une alternative crédible à un parti socialiste déstabilisé par les « affaires ». Ses campagnes avaient ainsi eu pour thèmes l’emploi, la sécurité sociale, l’antilibéralisme, beaucoup moins l’environnement…

 

Dans ces circonstances, Ecolo avait bénéficié d’un confortable report de voix de la part d’électeurs de gauche qui s’étaient reconnus dans le discours du parti écologiste, un discours plus engagé, même, que celui du parti socialiste. Soit un transfert de près de 10% (et plus, dans certains cantons électoraux !), qui avait coûté cher au PS, incapable de réussir sa rénovation, de se débarrasser de certains poids lourds bien encombrants, de certaines têtes, toujours les mêmes barons, et les mêmes magouilles décourageant une partie de l’électorat socialiste traditionnel.

 

Ainsi, le MR avait beau scander son nouveau slogan « le centre de gravité s’est déplacé à droite ! », dans la réalité des faits, les grandes tendances sont restées stables et les forces de la gauche, intactes. Le MR, d’ailleurs, avait même perdu quelques plumes ici et là. Et le PS, bien que déforcé, ne fut jamais rejeté dans l’opposition.

 

Mais quelle sera à présent l’attitude de cet électorat de gauche, de ces 10% de votants qui avaient mis leur confiance en Ecolo ? Retourneront-ils vers le PS ? C’est que ce dernier n’a toujours pas balayé devant sa porte… Ou bien choisiront-ils d’exprimer autrement leur désaccord ?

 

Quant à Ecolo, plus précisément, quel objectif poursuit-il ? En fonction de quelle analyse, de quel pari, agit-il ainsi, au risque de s’engager dans la voie d’un véritable suicide politique ? Car le risque, en effet, n’est-il pas énorme pour ce parti de décevoir non seulement son nouvel électorat, qui vote manifestement par conviction et non plus par habitude, mais aussi sa vieille base de gauche, écologistes de toujours, membres des mouvements associatifs, et de ruiner ainsi tous les progrès effectués ces dernières années ?

 

A cause de sa nouvelle ligne politique, la baudruche verte pourrait bien se dégonfler aussi vite et aussi spectaculairement qu’elle s’est enflée…

 

J.-M. Javaux affirmait tout récemment : « Il ne faut pas tromper l’électeur ! ». Hé bien, le voilà prévenu !

 

 

 


Lien(s) utile(s) : Le Vif/L'Express.

Coupure de presse : ecolo
 

 

Lire aussi : Le PS sanctionné, la gauche est intacte (élections 2007) et La nébuleuse Ecolo : à gauche, donc ? (élections 2009).

 

 

 

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